Les bouleversements politiques en Italie et en Espagne, une nouvelle espérance pour l'Europe.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, les Italiens, et par conséquent l'Italie, ont été les plus farouches partisans d'une Europe européenne.
Ils n'ont pas espéré secrètement, comme les Français, retrouver leur puissance et leur domination passées dans une sorte de grande France ou de grande Italie européenne.
Ils n'ont pas voulu assouvir, comme les Allemands, une faute, une honte et une culpabilité colossales profondément ancrées en eux de par les crimes nazis, qui ne pouvaient être absoutes que par une participation étroite à un projet appréhendé comme une source de rédemption.
Les Italiens, trop faibles pour essayer de reprendre le chemin de la puissance des Français, pas assez culpabilisés pour suivre l'exemple allemand, ont été les seuls à véritablement vouloir une Europe européenne au sein de laquelle ils pouvaient espérer se sentir à la fois heureux et prospères.
Ayant, plus intensément que les autres peuples européens, connu les bienfaits incomparables de la Renaissance, ceux de leur histoire romaine, et donc grecque, ils imaginaient, plus que d'autres, qu'un tel phénomène extraordinaire allait pouvoir se réaliser après tant de pleurs, tant de larmes, tant de sacrifices, tant de faiblesse qu'avaient causé les deux conflits fratricides et sanglants des deux Guerres, devenues mondiales, entre Européens.
Les Espagnols, après des années de franquisme réduisant l'Espagne à un seul peuple, c'est-à-dire en niant sa réalité historique, adhérèrent avec ardeur et enthousiasme à la Communauté économique européenne, tout comme les Portugais délivrés de la dictature de Salazar
Plus de soixante ans après la création de la Communauté économique européenne, les Italiens, tout comme les Français et un nombre de plus en plus élevé d'Allemands et d'Espagnols, ne parviennent plus à voir dans cette entité économique, devenue politique par sa transformation silencieuse en Union européenne, le fruit heureux de leur espérance passée.
En créant une pure administration technique et juridique devenue le plus froid des monstres froids, toujours davantage coupée des peuples qu'elle veut soumettre à sa seule autorité sous couvert de démocratie affichée par le principe de la subsidiarité, mais en réalité radicalement et totalement reniée, l'Union européenne se heurte chaque année à des femmes et des hommes toujours plus nombreux qui refusent encore la disparition définitive, c'est-à-dire la mort, de leurs essences nationales ou régionales.
Cette évolution relativement récente s'est manifestée peu à peu par le biais d'élections démocratiques qui ont eu lieu au sein des nations et même parfois des régions européennes.
Le refus par les Néerlandais et les Français de la Constitution européenne en 2005 en fut une des premières manifestations visibles.
Le désir des Britanniques dans leur ensemble, et tout particulièrement des Anglais, de quitter l'Union européenne, la résistance farouche des Slaves à une politique de nationalisation de populations étrangères en provenance du Moyen-Orient et d'Afrique instituée par l'Union européenne, le conflit entre la Catalogne et le pouvoir central castillan au sein d'une Espagne qui n'accepte plus sa propre diversité ethnique et culturelle et la multiplication des mouvements dits populistes au cœur de vieux pays d'Europe constituent autant d'indices d'un bouleversement d'une philosophie idéologique qui avait été celle de l'Europe depuis 1945, à la seule exception de la France de Charles de Gaulle.
Une génération après la Seconde Guerre mondiale, les nations européennes, toujours plus nombreuses à passer sous influence économique, culturelle et linguistique des États-Unis d'Amérique renforcée encore par leur tutelle militaire, voient leurs populations s'interroger sur le bien-fondé de cette situation immuable.
La France, ayant décidé récemment d'abandonner toute résistance à cette influence et cette tutelle, s'est alignée sur la politique de dépendance de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne depuis un siècle pour la première et plus d'un demi-siècle pour la seconde.
Jusqu'à présent, les nations d'Europe centrale et orientale (Suisse, Autriche, Hongrie, République Tchèque, Pologne, Slovénie, Croatie, Slovaquie…), constatant que les pays d'Europe de l'Ouest n'avaient pas édifié une défense crédible de l'Europe, ont préféré en confier la clef aux États-Unis, et ce d'autant qu'elles restent encore aujourd'hui traumatisées par des années de soumission au diktat de la Russie soviétique.
Par contre, la politique innée des USA qui a bâti son histoire, aux dépens des populations premières indigènes, sur l'importation de populations étrangères d'abord européenne, est rejetée d'autant plus que le sentiment d'appartenance national est resté puissant chez les Slaves après tant d'années d'absence de liberté.
Un rejet qui touche désormais la majorité des pays européens, Russie et Europe de l'Ouest compris.
C'est ce que la situation de l'Italie et de l'Espagne démontre avec éclat.
Dans ces conditions, la France d'Emmanuel Macron, rejetée également par le président américain tout comme le président russe, ne trouve plus guère d'alliés en Europe.
Même l'Allemagne, qui s'est progressivement transformée en alliée docile des Américains en échange d'un matérialisme et d'une prospérité de bon aloi, qui n'a pas encore pris la décision de prendre son autonomie vis-à-vis des États-Unis et qui rechigne à partager le trésor qu'elle s'est constituée année après année par effort et travail alors que nombre de cigales européennes chantaient lorsque l'hiver fut venu, voit une régulière progression du populisme représenté par les scores croissants de l'Aternative Für Deutschland ( Afd ).
Ainsi l'Italie, plus que d'autres, exposée en permanence à des populations étrangères qu'elle ne peut gérer, partagée elle aussi entre les fourmis du nord et les cigales du sud, ignorée de la France comme de l'Allemagne, voit sa population humiliée rejeter la politique globale des nations d'Europe dépendantes de l'Union européenne, indigne de son histoire.
L'Italie, un caillou toujours plus gros dans la chaussure de l'Union européenne ?
L'Espagne, pour sa part, confrontée à sa diversité ethnique et culturelle substantielle, qui, depuis Franco, ne sait plus marier unité et diversité comme avaient su le faire des siècles durant les rois et empereurs "des Espagnes", et non de l'Espagne.
Mais qui, avec un nouveau chef de gouvernement, pourrait enfin reconnaître son essence et donc ce qui fait ce qu'elle est en réalité, ce qu'elle est depuis des siècles.
Assurément des signes majeurs et manifestes de métamorphose qui pourraient bien être l'amorce du renouveau de la grande et belle Europe que nous aimons et que nous voulons.